Moduler le paysage

Projets éphémères

Description

2017

Architecture de rivage et aire d’observation. Installation extérieure éphémère au quai de Rivière-Ouelle.

Capsule de La Fabrique culturelle

Texte de Michèle Lorrain, artiste

Une fois encore dans un lieu public, Émilie Rondeau dépose son regard sur un territoire familier et ce faisant, nous le fait voir autrement. Elle met en œuvre des stratégies visuelles et des architectures qui déroulent du temps pour simplement prendre la mesure des paysages qui nous entourent.

Cette-fois-ci, c’est près du quai de Rivière-Ouelle que ses structures polymorphes s’installent, comme le faisaient autrefois les pavillons vernaculaires. Elles offrent à quiconque ose les fréquenter des vues inédites sur le fleuve, son courant d’eau régulier et les montagnes suspendues de la rive nord. Par la seule présence de ces constructions éphémères, le lieu s’enchante et semble soudainement s’activer comme au temps des navires qui accostaient pour ravitailler la communauté. Il y a la passerelle qui préfigure le traversier et l’avancée de la pointe dans le fleuve, la table paysage qui invite à la convivialité et l’abri-cache d’observation qui offre au visiteur un temps d’arrêt privilégié. Chaque élément de cette architecture recomposée à partir de matériaux innovants, issus de l’expertise régionale, évoque une part de la géographie humaine de Pointe-aux-Orignaux. Les espaces sont ouverts et tournés vers l’extérieur. L’oeuvre appelle à la valorisation d’une aire marine riche en perspectives paysagères.

Les projets que conçoit Émilie Rondeau viennent ébranler nos habitudes en s’infiltrant habilement dans la configuration d’espaces publics pour en varier certaines constantes et introduire une part de poésie et d’imaginaire. En jouant avec les éléments comme l’air, la lumière, l’eau ou la glace, les lieux se découvrent davantage, apparaissent à la fois plus présents et se transforment en paysages fabulés.

Texte de Dominique Lalande, directrice générale de Ruralys et archéologue

Les paysages font partie de notre cadre de vie et sont significatifs pour les gens qui l’habitent comme pour ceux qui viennent s’y ressourcer. Ils sont partie prenante de notre territoire et de notre identité culturelle. Le paysage maritime de Rivière-Ouelle, fréquenté depuis plusieurs siècles par les Amérindiens, les colons, les habitants, les villégiateurs, les visiteurs et les résidents, continue d’être la source de plusieurs activités économiques, sociales et culturelles. De beaucoup d’émerveillement aussi ! À partir d’un environnement naturel, ce paysage s’est construit avec nous. Il se transforme. Toujours en mouvance, il nous interpelle, nous inspire et nous apaise. Plus grand que nous, sa majesté évoque grandeur et fragilité. Et c’est un habitat que nous partageons avec une flore et une faune riche et diversifiée. Nature et culture ne font qu’un….

Ce paysage est remarquable! Regardez cette vue ouverte sur l’estuaire, ce hameau historique avec un patrimoine bâti de qualité, ce quai évoquant de multiples rencontres avec autant d’histoires et d’anecdotes, cette pêche à l’anguille, une tradition bien vivante, sans compter ce parfum d’air salin mélangé à l’odeur des rosiers sauvages. Ce paysage est bien vivant par les allées et venues des promeneurs. Le sens du lieu est source d’inspiration et d’émotions évoquées par cette œuvre artistique, un geste à partager et à vivre. La construction d’un paysage culturel prend tout son sens.

Texte de Marie-B. Pasquier, architecte paysagiste

Les initiés vous le diront, les meilleures glaces molles, celles aux mille saveurs sont à Rivière-Ouelle. Et une fois la saveur choisie, nous avons juste le temps de descendre au quai de la Pointe-aux-Orignaux. Lentement la route file à travers les champs pour s’engager dans une belle courbe qui plonge dans la baie. Arrivé au niveau de la baie, le fleuve s’offre à nous, proche ou éloigné selon la marée, il est là!

Les rosiers bordent le chemin, entre les demeures anciennes nous nous faufilons, la crème glacée fond… L’ultime plaisir, lécher et savourer notre dessert en famille sur le quai.

Le quai, la pointe, les pieux des pêcheurs d’anguilles, le fleuve, les montagnes, la recette du bien-être pour les gens d’ici, réside dans ce paysage unique. La brise nous accompagne, nous marchons jusqu’à la limite du quai, un pécheur à la ligne traine encore, les bancs sont orientés pour apprécier le soleil qui descend de plus en plus rapidement, nous prenons place. Que ce soient nos glaces molles ou nos couchés de soleil, sans aucun doute, nos saveurs sont les plus belles.

Tel un phare invisible, le quai nous rattache toujours à la richesse de nos racines.

 


  • Bois brulé, cèdre, acier, polycarbonate, impression Led UV et pellicule dichroïque